L’apprentissage de la gestion des émotions : une clé essentielle pour guérir des TCA

Rien ne se fait en un jour, mais chaque jour est une opportunité de faire un pas dans la bonne direction. Chaque jour ? Que dis-je ! Chaque minute, chaque seconde nous avons le choix, le tout est d’en avoir conscience.

Lorsque l’on souffre de troubles alimentaires, on a le sentiment d’avoir perdu le contrôle, de n’être plus acteur mais simple objet de sa vie. Le Corps et l’Esprit sont scindés, la tête veut une chose, le ventre en veut une autre. C’est la raison pour laquelle se reconnecter à soi-même est primordial. Par cela j’entends apprendre à aimer et écouter ce corps qui se bat pour notre survie malgré tout ce qu’on lui inflige.

Conscientiser les émotions et les sensations qui nous traversent est une étape essentielle : ne pas les juger, ne pas les repousser mais en être le simple témoin bienveillant. Quand on est en souffrance, l’idée d’accueillir ses émotions est terrifiante. On s’imagine à tort qu’en les acceptant elles se développeront et s’installeront alors que c‘est tout l’inverse qui se produit.

C’est la résistance qu’on leur oppose qui leur donne de l’emprise et l’anticipation de leur pénibilité est toujours bien plus grande que la réalité.

Imaginez un bras de fer : desserrez le point, relâchez le bras…le combat est fini. L’autre n’avait de prise que parce qu’il s’appuyait sur la force que vous lui opposiez. Cédez, et la douleur s’estompe en même temps que la main retombe. Vous n’avez pas échoué, vous vous êtes sauvé d’un combat perdu d‘avance.

Nous ne pouvons pas contrôler nos émotions, encore moins les combattre, simplement apprendre à cohabiter en paix avec elles : profiter des joyeuses, tirer des enseignements des plus dures, les laisser aller et venir, comme la houle d’un océan, parfois tranquille, parfois déchainé. On ne dit pas des vagues qu’elles sont bonnes ou mauvaises, elles sont juste là, changeantes et inévitables. Il en est de même pour notre flot émotionnel intérieur.

Mais concrètement, comment ça marche ?

Le cerveau ne peut produire qu’une seule pensée à la fois. Cela peut paraître surprenant parce que nous avons souvent l’impression de penser « à mille choses en même temps ». Ce que nous percevons comme de la simultanéité est en fait un grand nombre de pensées qui se succèdent à un rythme effréné et qui créent un sentiment de « surchauffe cérébrale » très inconfortable – auquel notre cerveau a associé un mécanisme compensatoire efficace à très court terme mais terriblement destructeur : c’est le cercle vicieux des addictions et des TCA. Lorsqu’une personne fait par exemple une crise de boulimie, c’est en général des aliments gras et sucrés qu’elle ingère.  Son cerveau secrète alors de la dopamine, hormone du « bonheur », qui va effectivement calmer cet inconfort. Malheureusement le soulagement ne dure pas car très vite la honte et la culpabilité que génère ce comportement démultiplient  à nouveau le nombre des pensées négatives, l’anxiété s’installe et elle se retrouve à la case départ.

L’autre raison pour laquelle la crise de boulimie a un effet palliatif est qu’au moment où la personne mange, son esprit est focalisé sur ses ressentis physiques à savoir le goût et l’odeur des aliments, la mastication et la sensation de l’estomac qui se remplit. Cette deuxième remarque est très importante à mon sens, car c’est notamment à ce niveau que l’on peut agir. En effet, lorsque la tête est concentrée sur ce qui se passe dans le corps – et étant que donné le cerveau ne peut produire qu’une pensée à la fois – les ruminations cessent. La mer tempétueuse redevient un flot calme, l’apaisement est réel. Malheureusement là encore, cette parenthèse est très éphémère.

Mais alors, n’existe-t-il pas un moyen pérenne et vertueux de reconnecter la tête et le corps qui viendrait court-circuiter ce cercle vicieux ?

Bien heureusement, de nombreuses méthodes très simples ont été développées. Avec un peu d’entraînement, elles permettent de reprogrammer la réponse que le cerveau a appris à apporter à ces situations. La plupart des cliniques spécialisées dans le traitement des addictions et TCA les intègrent désormais avec succès à leurs soins thérapeutiques. Sophrologie, yoga, travail de pleine conscience, exercices de respiration, massages, ergothérapie, psychomotricité etc. La liste des techniques est longue et c’est une bonne nouvelle ! Une brève initiation permettra à chacun de trouver celle (ou celles) qui lui sera la plus intuitive et s’inscrira avec peu d’efforts dans son quotidien.

Désapprendre ce qui a été mis en pratique depuis des mois voir des années ne se fait pas en un claquement de doigts mais c’est à la portée de tous. Cet apprentissage de la gestion des émotions n’a aucun coût financier et apporte une réelle solution de long terme aux troubles alimentaires et aux addictions.

Un seul engagement vous sera nécessaire : celui que vous prendrez envers vous-même. Pas d’inquiétude, il ne s’agit pas ici de volonté, bien trop volatile, jamais présente lorsqu’on a besoin d’elle.

C’est l’Intention qui est Reine.

Il n’y a pas de pas trop petit, de victoire trop modeste pour être célébrée. Ce sont ces brefs efforts qui mis bout à bout feront que le changement s’opère. Faîtes preuve de patience et de compassion envers vous-même et ne cessez jamais d’essayer : c’est la seule promesse que vous devez vous faire.